Depuis plusieurs années, les évolutions climatiques ont de lourdes conséquences sur les exploitations agricoles. Des inondations en hiver aux extrêmes chaleurs de l'été, la dérégulation du climat impacte fortement le quotidien des agriculteurs. Dans ce contexte, la coopérative de producteurs bio Corab (Nouvelle-Aquitaine) partage les inquiétudes de ses adhérents et appelle à une prise de conscience collective pour une alimentation durable. En effet, suite aux épisodes de sécheresse importants de l'été 2022 et à une météo devenue imprévisible, les agriculteurs bio se questionnent quant à l'avenir de leur métier.
Selon le producteur Jean Boutteaud, agriculteur bio à la Ferme des Sens, les terres ressentent un réel dérèglement climatique depuis au moins 4 ans. Alternance de sécheresses « violentes », excès de pluies, périodes caniculaires…, « ces variations sont terribles pour les plantes », constate-t-il. Les conditions climatiques extrêmes affectent toutes les cultures que ce soient les céréales, les légumineuses ou les graines oléagineuses.
Quel avenir pour l’agriculture avec une météo imprévisible ?
Dans ce contexte récurrent d'incertitude météorologique, le métier d'agriculteur est de plus en plus complexe avec des difficultés croissantes à se projeter sur l'avenir tant les rendements et donc le revenu sur la ferme sont incertains. Pour Luc Suret, agriculteur bio à Migré en Charente-Maritime, « c'est la première année où l'impact est aussi fort ». Auparavant, les agriculteurs avaient une certaine expérience pour s'adapter et anticiper les changements climatiques. Aujourd'hui, « on a l'impression que l'expérience ne suffit plus tant le climat est imprévisible », souligne Jean Boutteaud. Cette dérégulation ne permet pas de se projeter sur les prochaines cultures.
La diversification des fermes comme amorce de solution
Pour l'avenir, la coopérative CORAB réfléchit aux solutions pour limiter les dégâts. L'enjeu est de protéger les cultures à destination de l'alimentation humaine, sachant que chaque culture a des besoins différents.
« Au-delà de rechercher des cultures plus pérennes que nous allons implanter sur plusieurs années, l'objectif est de renforcer la biodiversité sur les fermes, avec des surfaces en herbe beaucoup plus importantes, des prairies, des arbres, des luzernes et la création de lieux d'accueil pour la faune auxiliaire. Selon nos agriculteurs, plus la ferme sera diversifiée et en autonomie et mieux ils répondront aux éventuelles répercussions météorologiques » projette la coopérative CORAB dans son communiqué.
"Nous, agriculteurs, le remarquons : il y a un réel fossé entre l'agriculture et les citoyens »
Les agriculteurs bio appellent à une prise de conscience collective pour une alimentation durable. « Aujourd'hui, nos concitoyens ne savent plus comment on élève des animaux et comment on cultive nos terres », analyse Jean Boutteaud. « Notre devoir, en tant qu'agriculteur, est d'ouvrir nos fermes au public pour faire de la pédagogie et montrer la réalité et la beauté de notre métier afin de créer une relation de proximité et d'expliquer les problématiques auxquelles nous sommes confrontés » propose-t-il.
L'agriculture biologique est également une réponse pour mieux temporiser les conséquences liées à la météo. En renforçant la biodiversité, la faune et la flore des campagnes, les agriculteurs bio tentent de bâtir une nouvelle agriculture en essayant de faire face aux aléas climatiques et en s'adaptant au mieux pour répondre aux défis de demain.
C'est pourquoi agriculteurs, marques et transformateurs doivent agir pour sensibiliser la population à une alimentation stable et durable.