L’Agence Bio vient de publier la 20ème édition du baromètre de perception et de consommation des produits biologiques, menée par l’ObSoCo[1].
Ses résultats renforcent les mauvais résultats du marché depuis 2021 et confirment que les consommateurs se perdent dans les labels : la défiance des consommateurs envers les labels alimentaires de qualité et environnementaux (dont les labels bio Eurofeuille et AB) augmente. Mais également le manque d’informations sur le bio ressenti par les Français : 52% d’entre eux estiment ne pas avoir assez d’informations sur l’origine des produits biologiques. Et seulement 37% des Français estiment avoir assez d'informations sur le contrôle des produits issus de l’agriculture bio et sa règlementation, ce qui accentue le doute sur le fait que ces produits, bien que labellisés bio, soient totalement bio!
Malgré la conjoncture inflationniste, le frein 'coût élevé' des produits bio n'évolue pas. Il demeure le premier frein à l’achat de bio cité mais sans augmentation comme on aurait pu s'y attendre.
On observe en revanche une très forte progression de la remise en question de la réalité du bio : la citation 'Vous avez des doutes sur le fait qu’ils soient totalement bio' arrive en 2ème position des arguments invoqués par 57% des non-consommateurs de bio (+17 points par rapport à 2021). À cela s’ajoute que 44% des répondants "ne voit pas l’intérêt du bio".
Les valeurs et principes de la bio sont à rappeler
Et pourtant, les consommateurs restent convaincus des bienfaits de l’agriculture et de l’alimentation biologique : 82% d’entre eux pensent que l’agriculture biologique contribue à préserver l’environnement, la qualité des sols et les ressources en eau, et 60% pensent que le bio permet une juste rémunération des producteurs.
Mais la consommation se concentre sur une part de consommateurs 'réguliers' qui ont intensifié leurs part d'achats bio mais qui sont de moins en moins nombreux (baisse de 16 points des produits alimentaires biologiques au moins une fois par mois).
Dans les détails, le baromètre met aussi en exergue une méconnaissance du Cahier des charges des produits bio (règle des 95% par exemple). Une mauvaise connaissance qui entraine une incompréhension qui augmente quant au prix plus élevé du bio. Alors
que 94 % des Français trouvent que les produits bio coûtent souvent plus cher, ils sont une majorité (59 %) à considérer anormal l’écart de prix avec le conventionnel.
Le bio, label qui répond aux enjeux actuels à la fois sur les sujets environnemental, santé et social, est aussi touché par la crise de défiance qui affecte plus largement la société : défiance envers les labels de qualité publics et privés, remise en cause des origines, doutes sur les méthodes de production.
Selon l'ObSoCo, l’un des problèmes pourrait également résider dans l’accessibilité à l’offre bio. Dans ce contexte fortement concurrentiel, les enseignes de la grande distribution tendent à rationaliser les assortiments de bio pour favoriser d’autres offres, notamment locales. Une baisse de l’offre qui se ressent dans les résultats du baromètre : si 27% des consommateurs réguliers de bio en achètent au moins une fois par semaine au sein des GMS, cette part est en baisse de 6 points par rapport à 2021. L’insuffisance de l’offre est également fréquemment soulignée par les consommateurs réguliers comme frein à une intensification de leur consommation.
L'Agence Bio entend poursuivre ses efforts
La Campagne #bioreflexe, pilotée par l’Agence BIO et reprise par 8 interprofessions en 2022 a fait la preuve de son efficacité à la fois sur la connaissance, la compréhension et la confiance du citoyen/consommateur pour le bio. Là où la campagne a été déployée, les ventes de bio ont augmenté de 5%. D'où l'importance de répéter, amplifier et pérenniser la communication sur les principes et valeurs de l'agriculture biologique.
6% de la consommation des Français est bio. La marge de progrès est encore large pour le premier producteur de bio européen, si on considère le marché de pays voisins comme le Danemark à 14% de bio ou encore l'Autriche à 11%.
Plus que jamais, il est nécessaire que les citoyens/consommateurs soient régulièrement informés sur les bienfaits du bio, et outillés sur les moyens pour manger plus de bio au quotidien quel que soit leur budget.
Pourquoi, et comment manger bio? : ce sont précisément les 2 messages clés que l’Agence BIO a souhaité faire passer à l’occasion du Salon de l’Agriculture.
Encore va-t-il falloir également que les politiques suivent... ce qui aujourd'hui n'est pas le cas si l'on en juge par l'annonce faite sur ce même salon d'une (petite) aide de 10 millions d'Euros pour les filières bio.
Pour voir l’étude complète : Baromètre des produits biologiques en France en 2023